En France, la ferme de mille vaches située en Picardie a suffit pour soulever l'opposition. La ferme de Kemberg en Allemagne, comme beaucoup d’autres, en compte jusqu’à 2000, un gigantisme qui n'a rien d'exceptionnel outre Rhin.
Après la chute du mur de Berlin en 1989, elle a rouvert sous forme de coopérative privée, gérée par plusieurs familles. En 2014, la coopérative a été entièrement rénovée pour résister à une concurrence de plus en plus rude.
Plus de vaches, plus de lait, moins d’hommes
Richard Reiss, Directeur de la coopérative laitière de Kemberg raconte : « Nous nous sommes dit, après avoir produit pendant 40 ans dans les anciens bâtiments, que nous avions besoin de changer nos conditions de travail. Nous voulions le faire au bon moment, ne pas rater le train en marche, mais nous adapter aux conditions que nous impose le marché mondial ».
Les vaches produisent désormais jusqu’à 40 litres de lait par jour, soit 10 de plus qu’avant. La présence humaine est réduite au minimum et le ramassage du lisier, automatisé, est envoyé directement dans des méthaniseurs.
En Allemagne ces fermes de grandes tailles sont souvent adossées à une production d’énergie.
Comme les éoliennes toutes proches, ils produisent de l’énergie revendue aux compagnies d’électricité. « Sur un an, la revente de l'énergie nous permet de financer les salaires pendant 3 mois : 1 mois avec le méthaniseur, 1 mois avec le photovoltaïque et 1 mois avec le parc éolien, ça fait 3 mois de financés », explique Richard Reiss.
Pas rentable, pas écologique
Une source de revenus indispensable. Car ces fermes industrielles ne sont en fait pas rentables. Ici un litre de lait coûte 33 centimes à produire, pour un prix d’achat de 26 centimes. Face à la chute des cours du lait, l’industrialisation ne protège donc pas les exploitants.
Et ce n’est pas tout. Des voix s’élèvent pour dénoncer la pollution générée par ces fermes. Car pour nourrir leurs bêtes, ces exploitations cultivent des centaines d’hectares de céréales ou d’herbe, arrosés d’engrais et pesticides. Holger Ackermann, co-initiateur d’un référendum contre l’élevage de masse témoigne: « beaucoup de substances proviennent des fermes industrielles, elles sont très concentrées et contaminent directement l'environnement. On a remarqué que le paysage s'était déjà complètement modifié avec des apports en azote, des plantes complètement nouvelles sont apparues ».
Or, les aides de la Politique Agricole Commune (PAC) continuent, pour parties, attribuées en fonction du nombre d’hectares. Ce qui incite les exploitants à agrandir leurs fermes. Les initiateurs du référendum réclament donc des subventions conditionnées au respect de l’environnement. Le parlement du land Brandebourg se prononcera en mars. Difficile de prévoir l’issue de la consultation. Mais une chose est sûre, ce modèle, subventionné à grands frais, montre aujourd’hui ses limites.