

Les opposants au projet de ferme des mille vaches chez le sous-préfet
La toute jeune association Novissen, contre le projet de ferme laitière regroupant mille vaches à Drucat et Buigny-Saint-Maclou, a été reçue hier par le sous-préfet d'Abbeville, Philippe Dieudonné.
Équipés de pancartes, une quarantaine de riverains, essentiellement de Drucat, ont fait le déplacement. Durant plus d'une heure, une délégation de Novissen a pu exposer ses arguments contre le projet de la SCEA côte de la Justice.
«Nous avons pu discuter des aspects techniques qui nous heurtent, a expliqué Michel Kfoury, le président de Novissen. Le sous-préfet a semblé attentif à nos arguments et nous a demandé de les coucher sur papier. »
Problèmes sanitaires dûs à la concentration des animaux, plan d'épandage trop large - «une partie mord sur le périmètre protégé par Natura 2000 » - unité de méthanisation trop proche de l'aérodrome... les membres de Novissen sont venus avec quelques cartes en mains. Ils étaient par ailleurs accompagnés par Régis Delcourt, vice-président de Picardie Nature, association de défense de l'environnement qui a décidé de lutter aux côtés des riverains.
Suite à l'enquête publique, le dossier des mille vaches est toujours en cours d'instruction auprès des services de la préfecture. Selon nos informations, la validation ou le rejet du projet ne devrait pas intervenir avant la fin du mois prochain.
En attendant, la révolte s'organise. Novissen et Picardie Nature potassent le dossier en vue d'un éventuel recours au tribunal administratif. L'association compte à ce jour plus de 600 adhérents.
Prochain rendez-vous : le 20 décembre avec Nicolas Dumont, maire d'Abbeville et président de la communauté de communes de l'Abbevillois. Novissen a également sollicité le préfet de région, Michel Delpuech. T.D.








Le conseil municipal a voté à 11 voix contre, une pour et deux abstentions, dans un scrutin à bulletins secrets, en présence d'une trentaine d'opposants au projet de ferme des 1000 vaches.
Mardi, le conseil municipal de cette localité de l'Abbevillois a rejeté le projet de ferme industrielle et de centre de méthanisation envisagés en partie sur son territoire.
1 CE QUI S'EST PASSÉ
Le conseil municipal de Drucat, un village de 914 habitants, au nord-est d'Abbeville, s'est réuni mardi soir pour donner un avis sur le programme de construction d'une ferme de 1 000 vaches et d'un centre de méthanisation et de cogénération, défendu par la société Côte de la Justice. Vingt-six communes sont invitées à en faire autant, à ceci près que Drucat est concernée directement, puisque choisie pour accueillir le centre de méthanisation dans le hameau du Plessiel, un peu à l'écart du bourg et traversé par la route Abbeville - Hesdin. Drucat a rejeté ce projet par 11 voix contre, une pour et deux abstentions.
2 QUELLE ÉTAIT L'ATMOSPHÈRE ?
Quatorze des quinze élus étaient présents. Absente, Anne Delaby avait donné pouvoir à Laurent Parsis. Un isoloir était prévu pour un vote à bulletin secret. Une trentaine d'opposants avait investi la petite salle de conseil, restant debout dans le calme. Le maire, Henri Gauret, a prévenu qu'il ne tolérerait aucun incident, menaçant de lever la séance si tel était le cas. À l'issue du vote, il a donné la parole à qui voulait la prendre. Jack Deruche, pour le conseil municipal et Claude Dubois, porte-parole des opposants, se sont exprimés.
3 LES ARGUMENTS DÉVELOPPÉS
Les nuisances olfactives, Drucat étant sous les vents dominants. Également, l'augmentation du trafic routier, «surtout en période d'ensilage et d'épandage », selon Henri Gauret. Sans compter la peur qui s'est emparée de prétendants à l'installation dans un lotissement de 50 pavillons en cours d'aménagement. Autre argument ayant pesé : la signature de 520 habitants de Drucat, relevée par le groupe des opposants sur une pétition hostile à ce programme et paraphée, en tout, par 984 personnes.
4 LA POSITION DES OPPOSANTS
Ils ont quitté la mairie satisfaits mais prudents. «C'est une étape, mais on est loin d'être sortis d'affaire », considère par exemple Gilberte Wable, une habitante de Drucat. Ces opposants s'inquiètent, entre autres, «de la qualité de l'air détériorée », d'un «mépris inadmissible pour la santé humaine », de «nuisances sonores » ou encore de «l'énormité des surfaces affectées aux épandages », soit 2 700 hectares.
5 L'ATTITUDE DE BUIGNY-SAINT-MACLOU
«Nous ne sommes pas dans la position de Drucat où la population s'est manifestée, indique Éric Mouton, le maire. Aucun habitant de Buigny n'a annoté le dossier d'enquête publique ni même exprimé une quelconque opposition. Cette question sera inscrite à l'ordre du jour de notre prochain conseil municipal, début novembre. »
6 LA POSITION DES AUTRES LOCALITÉS CONCERNÉES
Elle est variable. Toutes d'ailleurs ne l'ont pas exprimée. Elles y sont invitées, mais pas obligées. Et pour que leur avis soit pris en compte légalement dans l'examen du dossier par les services de la préfecture, il doit être formulé au plus tard 15 jours après la clôture de l'enquête publique, soit ce vendredi 21 octobre. Par exemple, Canchy, Lamotte-Buleux, Millencourt-en-Ponthieu, Neuilly-l'Hôpital sont hostiles à ce programme. Béhen, Caours, Ercourt, Epagne-Epagnette y sont favorables. Saint-Maxent, Airaines, Abbeville ne se sont pas prononcées. Pour les anti 1 000 vaches, si ces communes ne rendent pas d'avis avant demain, elles donneront quitus à cette ferme. Qui ne dit «meuh » consent.
VINCENT HERVÉ
AGRICULTURE - Mille vaches: l'enquête est close.
Un mois. C'est le temps dont dispose Jacques Ducrocq, le commissaire-enquêteur chargé du dossier «mille vaches », pour rendre son rapport à la préfecture. Et la tâche promet d'être vaste.
En plus des deux registres mis à disposition, jusqu'au 7 octobre, des habitants de Buigny-Saint-Maclou et Drucat, les deux communes directement concernées par le projet d'exploitation de mille vaches laitières, «de nombreux courriers annexes ont été envoyés à ce sujet », note M. Ducrocq.
Une fois son rapport rendu, la décision de valider ou refuser le projet présenté reviendra au préfet, qui n'est pas tenu de suivre l'avis du commissaire.
Une association en gestation
Dans tous les cas, les arguments de ce dernier sont à disposition du tribunal administratif, si d'aventure une procédure devait y être lancée. C'est justement ce qu'envisagent des Drucatois opposés à cette exploitation.
Une réunion s'est tenue ce lundi soir, dans le village, visant à créer une association «pour contrer le projet et tenter tout ce qui peut l'être », commente Claude Dubois, l'un des 25 riverains engagés dans cette démarche.
Pour rappel, une réunion publique avait rassemblé plus de 200 habitants le 26 septembre dans la salle communale de Drucat. Le face-à-face entre les opposants aux projets et ses porteurs, notamment Michel Ramery, le fondateur du groupe de BTP éponyme à l'initiative des «1 000 vaches », s'était soldé par un match nul, chacun campant fermement sur ses positions.
Ce soir-là, l'idée d'un référendum avait germé. «Mais, renseignements pris auprès de la sous-préfecture, il s'avère que c'est impossible, le projet n'étant pas communal », précise Henri Gauret, le maire de Drucat, dont le conseil statuera sur le sujet le mardi 18 octobre. T.D.
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